05-01-2022
Les dessous de Qomon, le logiciel au service des campagnes électorales
- Politique
Les stratégies numériques dans les élections politiques ont considérablement évolué ces dernières années. On utilise aujourd’hui de multiples logiciels pour faciliter le déroulement des campagnes électorales. Mais l’usage de ces outils, et leur fonctionnement, peuvent encore paraître flous pour de nombreuses personnes. Pourtant, ils sont devenus des alliés essentiels des candidats : ils leur permettent par exemple d’identifier leurs électeurs potentiels. Pour mieux cerner ces enjeux et comprendre pourquoi les logiciels de stratégie électorale font désormais partie intégrante des campagnes, nous avons interviewé Florent Barre, cofondateur de Qomon, une plateforme de mobilisation citoyenne.
Qu’est-ce que Qomon peut proposer à un candidat aux élections présidentielles ?
Nous disposons de tous les outils qui seront nécessaires à un candidat pour une élection nationale. On peut lui apporter toute l'infrastructure et la logistique digitales que l’on trouve derrière une élection présidentielle lui permettant ainsi d’organiser son réseau militant et bénévole et ses actions globales et locales. Si les candidats ou candidates disposent d’un staff technologique ou IT, nous proposons aussi un système d’API technique complet. Une campagne électorale comprend un grand volume de données à traiter et nécessite donc une logistique très importante - aussi bien quand il s’agit de porte-à-porte que d’appels téléphoniques. La troisième chose que nous pouvons apporter à un candidat, c’est l’analyse des données que nous récolterons pendant la campagne. Notre objectif : les optimiser et les comprendre. Nous pourrons par exemple faire la différence entre différents types de profil : ceux qui seront donateurs ou ceux qui soutiendront le candidat. La somme de ces outils permet d’accompagner le candidat dans sa campagne.
La cartographie est une fonction très importante de la solution SaaS Qomon. Pensez-vous qu’une bonne carte puisse changer la donne pour un candidat ?
Absolument. Les fonctionnalités de cartographie sont très utilisées aux États-Unis pour cibler les électeurs : l’emplacement de chaque meeting est étudié en fonction de la localisation des électeurs que l’on souhaite toucher. Ces fonctionnalités sont notamment utilisées pour contrer le gigantisme du territoire américain. En France, nous avons un grand territoire, mais les campagnes présidentielles ont aussi et surtout deux contraintes supplémentaires : un budget limité et peu de ressources militantes. La cartographie permet d’optimiser le temps et l’impact d’une campagne, car on saura exactement à quelles portes frapper.
Quelles données récoltez-vous pour réussir à cibler ces endroits précis ?
Pourquoi les logiciels de stratégie électorale font-ils aujourd'hui partie intégrante des campagnes #presidentielle2022 ? Les réponses de Florent Barre, cofondateur de @QomonHQ, une plateforme de mobilisation citoyenne pic.twitter.com/3vlAJjzI6c
— La Netscouade (@LaNetscouade) January 7, 2022
Il y a trois types de données. Tout d’abord, nous récoltons des données classiques, de type open data : des résultats électoraux, des données socio-économiques, démographiques, etc.
La deuxième typologie de données correspond à des indicateurs que nous avons mis au point qui nous sont propres : autour de l'évolution des territoires, que ce soit politiquement, démographiquement, socialement. Mais aussi des indicateurs qui permettent de comprendre les dynamiques d'un territoire politique en termes d'abstention.
Et la troisième source de données concerne les données de l'organisation du candidat. Une campagne peut générer beaucoup de données, que ce soit sur Internet, via des bénévoles ou autre…. Et ces données sont utiles pour comprendre qui sont les donateurs, les soutiens, où les personnes qui réagissent positivement à la campagne. Il y a également des données plus logistiques, par exemple l’heure à laquelle un bénévole aura le plus de chances de rencontrer certaines personnes. C'est un autre type de données, plus annexes, qui ne sont pas du tout des données personnelles, mais qui aident encore une fois à maximiser l’impact et le temps d’une campagne.
Comment est-ce que vous accompagnez les candidats dans la compréhension de la somme de ces informations ?
Nous proposons uniquement un logiciel, une plateforme et une application, et comme tout logiciel il y a une méthodologie. Les candidats à l’élection ou les équipes de campagne, pourront mieux structurer et mieux comprendre les données récoltées.
Dans un premier temps, nous leur permettons de transformer les faits en données afin de pouvoir les comparer entre elles, sur une même échelle. Les faits peuvent être des contacts, des doléances, des demandes pour le programme, … Nous transformons toutes ces informations en données et les implémentons dans le logiciel afin de pouvoir les analyser. Notre rôle sera donc de faire remonter de l'information sous une forme “logistique”. Nous les accompagnons donc dans la récolte des informations et la conversion de celles-ci en données.
Néanmoins, nous ne donnons pas de conseil aux équipes de campagne sur la direction à prendre ou le programme à rédiger : c’est le rôle du politique de piloter sa campagne.
L’analyse data aura-t-elle une place importante lors des prochaines élections ?
Oui, je pense car ça bouge beaucoup. Il y a trois ans, on s'émerveillait en disant que le secteur allait complètement changer : 500 candidats aux municipales sur 30 000 étaient équipés de ces outils. Avant, le numérique était un moyen de communication qu’on utilisait pour “faire moderne”, aujourd’hui, les demandes vont dans le sens de l’optimisation et de l’usage, les politiques commencent à réellement saisir l’importance et le poids que peut avoir le numérique. Ils ont aujourd’hui une meilleure éducation numérique qu’il y a plusieurs années, mais aussi surtout davantage d’experts de la question dans leurs équipes.
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