03-10-2024
L'initiative 'Faut qu’on parle' au cœur du dialogue citoyen
- Média
La Netscouade est fière de soutenir l’initiative "Faut qu’on parle", une démarche portée par La Croix et Brut, qui vise à recréer un dialogue entre des citoyens aux opinions divergentes. Convaincus que la polarisation croissante n’est pas une fatalité, nous croyons fermement qu'il est nécessaire de faciliter des rencontres directes et apaisées pour renforcer la cohésion sociale. C’est dans cet esprit que nous avons interrogé Clara Delétraz, en charge de la diffusion et du design de l’expérience "Faut qu’on parle" ainsi que les équipes de La Croix et Brut, pour comprendre les motivations et les enjeux derrière ce projet.
Comment est née l’idée de lancer "Faut qu’on parle" en France et quelles étaient les motivations principales derrière cette initiative ?
Sandrine Verdelhan (La Croix) : L’aventure de "Faut qu’on parle" a débuté à Marseille, à la Fabrique du Nous, soutenue par le Fonds Bayard-Agir pour une société du lien*. Cette association a mis en relation le Fonds Bayard avec My Country Talks, convaincue que, partageant des valeurs communes, ces deux partenaires pourraient accomplir de beaux projets ensemble. Après quelques échanges, le Fonds a dialogué avec La Croix, qui a choisi de porter le projet en France et de s’associer à un média dont les cibles, audiences et formats différaient pour toucher un maximum de personnes. C’est ainsi que Brut a rejoint l’initiative, acceptant de relever ce défi et de s’engager à son tour.
La Croix est un média qui se veut un lieu de réflexion et de débat apaisé. Nous avons à cœur de proposer des articles pédagogiques, qui permettent de comprendre la complexité des situations, de découvrir d’autres univers et d’encourager des confrontations d’opinions fertiles, notamment à travers nos pages de débats. Cette approche est devenue encore plus essentielle alors que la polarisation se fait de plus en plus forte dans notre société et que les désaccords virent trop souvent à l’invective ou au refus de dialoguer.
Nous refusons de croire que cette montée des clivages est une fatalité. Nous sommes convaincus qu’un débat constructif et apaisé reste possible entre des Français aux idées opposées. C’est une aspiration que nos lecteurs partagent, car ils aiment débattre avec des interlocuteurs respectueux et sont curieux de découvrir des perspectives différentes. Faut qu’on parle est pour nous un prolongement naturel, un moyen de contribuer à bâtir une société où les citoyens peuvent dialoguer sans a priori ni invectives. Il ne s’agit pas d’effacer les divergences, mais de les identifier, d’en parler, et peut-être, dans certains cas, de les dépasser.
Nous espérons que de nombreux Français se retrouveront dans cette initiative et que, le 23 novembre prochain, toute la France se dira : "Faut qu’on parle !"
Maxime Darquier (Brut) : Le projet est arrivé alors qu’il était déjà lancé via La Croix. Quand La Croix nous a proposé de rejoindre l'initiative, cela nous a tout de suite intéressés, car cela correspondait à une envie que nous avions chez Brut : donner la parole aux gens. Nous voyons souvent dans les commentaires que des personnes avec des opinions divergentes échangent et débattent régulièrement. Ce projet a donc fait sens pour nous, car il nous permettait de proposer un cadre plus structuré à ces échanges. L’idée de le faire sur une journée unique a immédiatement résonné avec notre approche.
Le partenariat avec La Croix nous semblait également évident. La Croix est un journal reconnu pour sa rigueur éditoriale et sa volonté d’offrir un espace d’expression à tous. Pour la petite histoire, nous avions beaucoup apprécié un post LinkedIn publié par La Croix quelques mois avant même qu'on nous parle de Faut qu’on parle. Dans ce post, après la dissolution de l’Assemblée nationale, La Croix expliquait qu’ils donneraient la parole aux électeurs de tous les partis, y compris le Rassemblement National, car pour eux, il est essentiel que chacun puisse s’exprimer. Chez Brut, nous partageons cette vision : permettre à tous les citoyens de faire entendre leur voix, dans le respect des lois. Avec Faut qu’on parle, nous voulions offrir aux gens la possibilité de débattre, comme ils le font déjà dans les commentaires sur nos plateformes, mais cette fois-ci en face à face.
Quelles sont, selon vous, les causes de la polarisation croissante en France et comment "Faut qu’on parle" peut-elle aider à réduire ces divisions ?
Clara Delétraz : La polarisation croissante en France est un phénomène complexe. En sciences politiques, on distingue deux types de polarisation : la polarisation idéologique, qui mesure l’écart entre les idées des différents groupes, et la polarisation affective, qui renvoie au degré d’hostilité ressenti entre les groupes sociaux. Ce qui est frappant, c’est que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la polarisation idéologique a en réalité diminué dans les grandes démocraties occidentales depuis la fin de la guerre froide. En revanche, la polarisation affective a fortement augmenté.
Dans une société marquée par la polarisation affective, le problème n’est plus tant les divergences d’idées, mais la dégradation des liens sociaux. Les individus se définissent par leur appartenance à des camps opposés, ce qui accroît la méfiance et l’hostilité. Ce phénomène résulte de plusieurs fractures : économiques, avec des citoyens se sentant exclus face à des élites perçues comme déconnectées ; culturelles, avec des débats de plus en plus polarisants ; géographiques, entre les grandes villes et les zones rurales ; et numériques, où les algorithmes créent des bulles qui enferment chacun dans son propre écosystème d’idées.
C’est dans ce contexte que "Faut qu’on parle" prend tout son sens. Inspirée de l’initiative internationale My Country Talks, elle permet à des personnes aux opinions opposées de se rencontrer et de discuter pendant deux heures. Le but n’est pas de convaincre, mais de recréer du lien, d’humaniser les échanges et de rappeler que derrière chaque opinion se trouve une personne avec une histoire. Ce simple exercice a déjà permis de réduire la polarisation affective de 77 % lors des précédentes éditions.
Certes, ces échanges n’affectent pas la polarisation idéologique, probablement parce que les conversations sont trop courtes. Mais l’enjeu est de retisser des liens sociaux et de réduire la méfiance. "Faut qu’on parle" offre une solution concrète pour restaurer la confiance et la cohésion entre les citoyens.
Quels résultats concrets avez-vous observés dans d’autres pays, comme l’Allemagne, et quels changements espérez-vous pour la France avec "Faut qu’on parle" ?
Clara Delétraz : En Allemagne, les résultats concrets d’une initiative similaire ont été impressionnants. Une étude menée par des chercheurs de Stanford et du MIT sur l’édition de 2021, qui avait mobilisé 15 000 personnes, a montré une réduction de la polarisation affective de 77 %. Plus de 90 % des participants ont affirmé mieux comprendre les positions de leur interlocuteur après la discussion. Cela montre l’efficacité de ce type de dialogue pour réduire les tensions.
En plus de cela, 80 % des participants se sont dits satisfaits de leur échange, et dans 60 % des cas, ils ont même gardé contact par la suite. 90 % d’entre eux souhaitaient également renouveler l’expérience. Ces chiffres montrent que ces discussions ne sont pas seulement ponctuelles, mais qu’elles créent une dynamique positive et durable.
En France, avec "Faut qu’on parle", nous espérons recréer cet engouement pour le dialogue, surtout dans un contexte où 54 % des Français estiment que leurs différences sont trop importantes pour continuer à avancer ensemble. Notre objectif est de montrer qu’il est possible de dialoguer même entre personnes en désaccord, et de retisser des liens entre des individus issus de mondes différents.
Comment comptez-vous impliquer la société civile pour faire de cette initiative un véritable mouvement ?
Clara Delétraz : C’est un point essentiel. On ne peut pas se contenter d’en faire une initiative médiatique. Avec le fonds Bayard-Agir pour une société du lien, nous avons l’ambition de faire de "Faut qu’on parle" un véritable mouvement citoyen, porté par les citoyens eux-mêmes. Ces derniers deviendront les ambassadeurs de l’initiative. L’idée n’est pas simplement de mener une campagne de recrutement, mais de lancer une véritable mobilisation.
L’un des atouts de l’initiative est sa simplicité. Les participants répondent à huit questions clivantes, puis sont mis en relation avec une personne ayant des opinions opposées. Ils se rencontrent pendant deux heures pour échanger. C’est un format activable et facile à comprendre, ce qui facilite l’adhésion.
Nous comptons aussi sur le bouche-à-oreille, mais nous devons aider les participants à relayer l’initiative autour d’eux. En parallèle, nous mobilisons des organisations bien implantées sur le terrain, qui deviendront également les ambassadeurs de l’initiative. Ces relais locaux seront essentiels pour que le mouvement prenne de l’ampleur.
Quels défis rencontrez-vous dans le lancement de "Faut qu’on parle" en France, notamment en matière de recrutement, visibilité et mobilisation ?
Clara Delétraz : Le premier défi, c’est le timing. Avec les agendas médiatiques chargés, nous avons dû lancer l’initiative très rapidement. Cela complique la construction d’un mouvement organique, car mobiliser des parties prenantes demande du temps. Il faudra être ingénieux et créer quelque chose de viral dès le départ, en engageant un noyau d’acteurs.
Le deuxième défi, c’est que tout se passe en ligne. Il est essentiel de toucher des publics variés, y compris ceux qui ne sont pas forcément à l’aise avec le numérique. Il ne faut pas se limiter aux sphères urbaines, mais aller vers les zones rurales et périurbaines.
Le dernier défi, enfin, est que les conversations ne sont pas modérées. Cela peut faire peur à certains, mais nous devons veiller à offrir un cadre sécurisé. Un guide précis sera mis en place pour rassurer les participants et s’assurer que tout se déroule bien.
*Créé en 2022 par le groupe Bayard, le fonds Bayard-Agir pour une société du lien porte des actions créatrices de liens, pour lutter contre l’isolement et la fragmentation de la société. En recherchant les meilleures alliances, les projets du fonds se déploient dans des domaines très différents (inclusion des jeunes et des seniors, liens intergénérationnels, mixité sociale et diversité, éducation aux médias et citoyenneté…) avec une dimension commune, ciment du vivre-ensemble : l’ouverture à l’information, à la culture, à l’imagination.
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