Puisque le navire Twitter prend l’eau de toutes parts, @nicolasbordas pense que 2023 est le moment adéquat pour se lancer à l’abordage. Le VP international de @TBWA veut lancer un Twitter européen 100% sourcé, baptisé “Storker”. Et si c’était l’idée qui tue ? pic.twitter.com/DR4GnQusNU

— La Netscouade (@LaNetscouade) January 20, 2023

Le projet Storker est présenté comme une réponse européenne à Twitter : quelles en sont les lignes directrices ?

De mon point de vue, on doit pouvoir faire Twitter mais en beaucoup mieux, en conservant ses avantages et en se séparant de ses inconvénients qui sont devenus considérables. L'opportunité est d'autant plus grande que Elon Musk est en train de transformer Twitter en une plateforme de conversation, puisque lui-même l'utilise comme cela. Mais en procédant ainsi, il rend orphelines toutes les personnes qui utilisent Twitter comme un système d'information avant tout. Il me semble donc qu’il y a une opportunité incroyable pour occuper une place centrale, celle d'un système d'information universel, à condition d'avoir une information qui soit la plus vérifiée possible et la moins “fake” possible.

En quoi Storker pourra-t-il lutter contre les fake news ?

Le slogan de Storker pourrait être : “news without fake” et l'idée c'est que 100 % de ce qui circule sur Storker doit être sourcé ; une information pour laquelle chaque auteur en serait responsable à partir du moment où elle est diffusée.

Je dirais que analogiquement, c'est ce que fait LinkedIn : quasiment tous les profils sont identifiés, les trolls sont exclus très rapidement, les faux profils sont rapidement neutralisés. Et donc quand on relit un commentaire sur LinkedIn, on peut cliquer pour voir la personne qui a commenté et ainsi comprendre pourquoi elle émet cette opinion. Sur Storker, les émetteurs devraient être identifiés. Cela revient à une certification pour tous, dans la lignée de ce qu'essaie de faire maladroitement Twitter.

Pour schématiser, chaque Stork aurait une sorte de responsable de la publication, c'est-à-dire une source qui serait indiquée. Par défaut, les personnes qui publient sont la source. Elles peuvent publier une opinion, une information qui vient d'elles-mêmes, mais ils peuvent aussi indiquer la source si la source est autre (un chercheur, une encyclopédie, un média,...). Et bien entendu, l'information serait accessible à tout le monde.

La question de la taille critique est primordiale pour qu'un tel projet fonctionne. Comment faire venir des utilisateurs sur une plateforme payante ?

C'est pour moi encore une option à débattre, tout dépend comment le business model général est élaboré : quelle serait la partie payante par les usagers par rapport à la partie payante pour les annonceurs ? Tout cela reste à établir et c'est pour échanger sur cela que j'ai ouvert un groupe collaboratif Storker sur LinkedIn ouvert aux personnes qui s'intéressent à ce projet.

La deuxième question, c'est effectivement la rapidité, le jeu de jambes pour atteindre la taille critique. Et c'est pour ça que peut être avec un peu de provocation, j'en ai appelé aux milliardaires, mais il existe bien évidemment d'autres manières de financer la plateforme que de faire appel à des milliardaires, même si ça peut aller plus vite.

En revanche, il faut profiter de la fenêtre ouverte, en 2023, le projet fait sens à condition qu’il se mette en place rapidement. De nombreuses personnes ont testé Mastodon en espérant que cela constituerait une alternative à Twitter, on constate aujourd’hui que ce n’est pas forcément le cas mais on observe une envie de migrer assez forte.