14-11-2019
Publicités politiques sur les réseaux sociaux : l’élection américaine est-elle en train de changer les règles du jeu ?
- Politique
“Sans Twitter, je ne serais probablement pas là”. Par ces propos tenus en 2017, Donald Trump reconnaissait l’importance prise par les réseaux sociaux dans toute stratégie de conquête du pouvoir. Alors que la campagne pour les élections de 2020 bat son plein, Twitter et Facebook s’opposent sur leur rôle dans le processus démocratique.
Aux Etats-Unis, le débat sur les publicités politiques fait rage. Le 30 octobre dernier, Jack Dorsey, PDG de Twitter, a annoncé leur interdiction sur sa plateforme. Il prend ainsi une position radicalement différente de celle adoptée par Facebook, alors que débute la campagne présidentielle américaine.
We’ve made the decision to stop all political advertising on Twitter globally. We believe political message reach should be earned, not bought. Why? A few reasons…🧵
— jack 🌍🌏🌎 (@jack) October 30, 2019
En effet, cette annonce intervient moins d’une semaine après l’audition de Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, devant la Chambre des représentants où celui avait réaffirmé la liberté de diffuser les publicités sur sa plateforme.
Le poids de la désinformation politique
La scène a fait le tour des réseaux sociaux : on y voit Alexandria Ocasio-Cortez pousser Mark Zuckerberg dans ses retranchements sur le sujet de la désinformation. Entre ingérence russe et scandale de Cambridge Analytica, la députée de New-York a notamment questionné le rôle de Facebook dans le cadre de l’élection présidentielle de 2016.
"So, you won't take down lies or you will take down lies? I think that's just a pretty simple yes or no."
— CSPAN (@cspan) October 23, 2019
Complete exchange between @RepAOC @AOC and Mark Zuckerberg at today's House Financial Services Cmte hearing.
Full video here: https://t.co/heT7Psnlp1 pic.twitter.com/0iiWtfU5gQ
C’est pourtant face aux questions sur la campagne à venir que Mark Zuckerberg a semblé le plus déstabilisé. Alors qu’Alexandria Ocasio-Cortez l’interroge sur la possibilité de diffuser des publications affirmant que des candidats à la primaire républicaine ont voté en faveur du Green New Deal - ce qui est factuellement faux - Mark Zuckerberg bredouille “probablement, je pense”.
Liberté d'expression contre désinformation
Pour expliquer sa position, Mark Zuckerberg affirme : « Dans une démocratie, je ne crois pas qu'il soit juste que des entreprises privées censurent les personnalités politiques ou les informations ». Le PDG de Facebook défend une vision très “américaine” de la liberté d’expression, une liberté affirmée dans le 1er amendement de la constitution. « Je suis fier que les valeurs de Facebook soient inspirées par la tradition américaine, laquelle soutient plus la liberté d’expression que n’importe où ailleurs », déclarait-il récemment.
Ce choix contraste fortement avec la position développée par Jack Dorsey pour justifier l’interdiction de la publicité politique sur Twitter. La publicité politique est ici vu comme une entrave à la liberté. Pour le PDG de Twitter, être ciblé par des campagnes politiques payantes est une entrave à la liberté de choisir pleinement l’adhésion à tel ou tel message. Ainsi il considère “qu’un message politique est porteur quand les gens décident de suivre un compte ou de le retweeter”.
Coup de communication et primaires démocrates
La notion de liberté politique est au coeur de l’argumentation des deux PDG même s’ils en développent une vision antagoniste. Au delà de l’argumentation développée, la décision de Twitter d’interdire la publicité politique est à analyser comme un coup de communication extrêmement bien pensé. Alors que le réseau de Marc Zuckerberg est au cœur du tumulte, Twitter réaffirme ainsi son positionnement en se démarquant de son concurrent.
Alors que les réseaux sociaux constituent, pour les jeunes Américains, la première source d'information (36%), la question de la désinformation politique devient cruciale en période électorale. Les candidats à la primaire démocrate se sont ainsi emparés du sujet pour le mettre à l’agenda de la campagne en vue des présidentielles.
Elizabeth Warren, candidate en tête des sondages pour 2020, avait ainsi fait la démonstration par l’absurde de la politique de Facebook en diffusant une publicité volontairement mensongère sur Facebook où elle affirmait que le réseau et son fondateur soutenaient officiellement Donald Trump. La publicité avait été acceptée et diffusée par le réseau. Joe Biden, candidat démocrate, quant-à lui n’a pas tardé à saluer la décision de Twitter d’interdire la publicité politique : "Nous apprécions que Twitter reconnaisse qu'il ne doit pas permettre des propagandes démenties, comme celles de la campagne Trump, d'apparaître dans les sections publicitaires sur ses plateformes".
Un impact limité en France
L’annonce de Twitter ne devrait pour pas avoir d’impact majeur en France : le code électoral interdit déjà la publicité politique sur les réseaux sociaux. En effet, pendant les six mois qui précèdent un scrutin, “l’utilisation à des fins de propagande électorale de tout procédé de publicité commerciale par la voie de la presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle est interdite.”
Dans le cadre des municipales de mars 2020, cette interdiction est en vigueur depuis le 1er septembre. Impossible donc pour les candidats de sponsoriser des contenus sur les réseaux sociaux à des fin électorales.
Chaque élection américaine interroge sur la place des réseaux sociaux dans l’information électorale : la victoire de Barack Obama en 2008 avait suscité un engouement sur leur potentiel émancipateur, alors que la victoire de Donald Trump en 2016 soulève des inquiétudes liées à la désinformation.
À nouveau, l’élection américaine de 2020 est en train de changer les codes et la structure de ces plateformes.
Le condensé de culture numérique qui explore les nouvelles tendances du digital.
- Santé
- Culture digitale
- Politique
- RSE
- Éco-conception
- Média
- Éducation
Picks est désormais
sur WhatsApp
Pour nous rejoindre, rien de plus simple.
1. Enregistrer ce numéro +33615605232 sur WhatsApp sous le nom "Picks".
2. Cliquer sur le bouton "Nous rejoindre" ci-dessous et suivre les instructions.
En procédant à votre inscription, vous acceptez l’envoi ultérieur d’un condensé de l’actualité numérique uniquement sur WhatsApp (aucun sms ou appel). Vous pourrez sortir de la liste de diffusion à tout moment en cliquant sur "Bloquer le contact" dans les paramètres de la conversation. Votre numéro de téléphone ne sera pas récupéré ou utilisé pour toute autre utilisation que celle mentionnée ci-dessus.
Grand bol
d'inspiration
PICKS, made in La Netscouade, le condensé de culture numérique qui explore les nouvelles tendances du digital.
Votre adresse de messagerie est uniquement utilisée pour vous envoyer les newsletters Picks. Vous pouvez à tout moment utiliser le lien de désabonnement intégré dans la newsletter. En savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits
Manifesto
Nous croyons, à La Netscouade, qu’il est possible de régénérer la communication digitale tout en restant fidèles à ce que nous sommes.
Plus qu’une marque, La Netscouade est une marque de fabrique : nos clients viennent chercher chez nous une manière de faire, une capacité à imaginer des contenus à valeur pédagogique et créative, une propension à mixer cultures et talents dans un esprit « laboratoire d’idées ». Sans refuser la vitesse du numérique, nous avons toujours privilégié le long terme pour créer du lien entre l’entreprise et ses publics. Ce sont la transparence, l’écoute active, la constance et la consistance des prises de parole qui génèrent de la confiance et in fine de l’engagement durable.
Dans la période actuelle, nous aidons nos clients à faire du sens un vecteur de performance. Les projets que nous menons avec eux, RSE, numérique, nouveaux media, e-santé, éducation, science, font converger intérêt particulier et intérêt général et créent les conditions d’un engagement plus fort et plus durable.