04-05-2020
Jacques-François Marchandise (La FING) : “tirer les leçons de la crise actuelle pour concevoir le numérique de demain”
- Culture digitale
Dans le cadre des creative reviews organisées tous les mois à l’agence, les équipes de La Netscouade réfléchissent et échangent sur les tendances, les innovations, les abus, ou les bonnes initiatives liées au numérique.
Notre dernière revue créative a été l’occasion d’échanger avec l’un de nos voisins du 8, passage Brulon. Jacques-François Marchandise, cofondateur de la Fing (think & do tank de référence sur les transformations numériques), s’est connecté avec nous pour parler des travaux de l’association sur la sobriété numérique, le numérique de demain et les inégalités numériques. Ces sujets se sont largement cristallisés pendant la crise du Coronavirus et la période inédite de confinement que nous vivons. Quelles solutions en tirer ?
Qu’est-ce que la Fing ?
J-F. Marchandise : On s'est rendu compte à la fin des années 1990, que ce qu'on appelle aujourd'hui le numérique était quelque chose dont on savait beaucoup de choses sur le plan technique et presque rien sur le plan des transformations politiques, économiques, sociales, territoriales qui arrivaient. On a donc monté une association, la Fing. À intervalles réguliers, on réalise des travaux de prospective, parfois très médiatisés.
On démarre en ce moment une expédition qui s'appelle Numérique Tous Risques, qui vise à explorer le numérique à l’épreuve des risques crises et catastrophes. Qu'est-ce qui crée des dépendances numériques, qui ne passe pas le cap et comment tout cela peut nous aider à imaginer l'avenir ?
Concevoir le numérique de demain
J-F. Marchandise : Au fil des années on a travaillé sur les tensions, les ruptures, les promesses, ou les controverses du numérique, sur les transitions numériques, etc. Un jour, on a choisi de se poser une question : compte tenu de tous les problèmes que pose le numérique aujourd'hui, si on appuie sur la touche reset, qu'est ce que ça donne ? Sommes-nous capables d'écrire le numérique que nous voudrions si on appuie sur la remise à zéro ? On a constaté que non. La société a intégré ce que j'ai appelé un “fatalisme numérique” : on est tout le temps en train de raconter comment la société doit s'adapter au numérique. Avec notre programmeReset, l’idée c’est de se questionner sur l’influence de la société sur le numérique au lieu de l'inverse : pour un numérique choisi et non subi.
Les inégalités numériques à l’épreuve du confinement
“Les facteurs-clés des usages numériques sont le fait de s’y autoriser, d’en avoir besoin et d’y être socialisé.” Contre le discours de fracture numérique, quels facteurs expliquent les inégalités numériques, accentuées par la crise #COVID19 ? Réponse avec @jfmarchandise @la_fing pic.twitter.com/auvFxZUCcj
— La Netscouade (@LaNetscouade) May 4, 2020
J-F. Marchandise : Ce qui se joue avec le confinement, ce sont des questions d’isolement. Les personnes qui n'ont pas autour d'elles un environnement social qui peut les aider à surmonter des difficultés numériques, s'en sortent mal. Nous avons tous des difficultés numériques : à la limite, plus j'ai d'usage, plus j'ai de difficultés. On est dans une situation où nos apprentissages du numérique n'ont jamais été aussi rapides parce qu’on apprend ces outils et ces dispositifs qu'à partir du moment où nous les mobilisons. En ce moment, beaucoup de gens sont forcés de les mobiliser, on le voit notamment sur l’usage de la visioconférence.
En France, on a des médiateurs qui savent accompagner les usagers pour leurs démarches en ligne. Il y a eu un nombre de candidatures qui a dépassé les espérances, venant de médiateurs aguerris qui se sont déclarés pour donner du temps et accompagner les gens. La première chose qu'on en tire c'est d'une part, que ce réseau et ce maillage existent et qu’ils étaient invisibles jusqu’alors.
D’autre part, à cause de la crise, tout un ensemble de gens qui ont des difficultés numériques mais qui n'auraient jamais franchi la porte d'un espace public numérique ou jamais vu un médiateur numérique, rentrent dans les radars. Cela veut dire qu’il y a des gens qui vont pouvoir être accompagnés. Tout simplement parce qu'il suffit de s'inscrire sur la plateforme pour avoir un accompagnement téléphonique. Et les retours d'expérience que nous racontent à chaque fois les médiateurs sont des petites victoires : "J'ai réussi à accompagner une dame de 75 ans à faire les démarches en ligne qu'elle n'arrivait pas à faire"... Et ça c'est super intéressant, c'est super riche comme expérience.
Outiller et motiver les concepteurs à viser la sobriété numérique
“Une innovation qui vise à la sobriété est quand même plus excitante à atteindre qu’une innovation qui va juste consommer toujours plus de ressources” rencontre avec @jfmarchandise @la_fing pic.twitter.com/aexnYeqM5r
— La Netscouade (@LaNetscouade) May 4, 2020
J-F. Marchandise : L’un des défis que nous avons lancés avec le programme Reset, c’est de solubiliser le marché, outiller les gens qui veulent intégrer la logique d'impact et motiver les concepteurs à viser une innovation qui vise à la sobriété. Ce genre d’innovation est plus excitante à atteindre qu'une innovation qui va juste consommer toujours plus de ressources !
On observe vraiment une tendance de propositions plus frugales, plus sobres, plus low tech et je la vois de plusieurs façons. D’une part, venant des employés et les employables des entreprises du numérique. Ils ne sont pas majoritaires mais il y en a suffisamment pour que cela atteigne les employeurs. Deuxième chose qui bouge en ce moment, beaucoup métropoles et de régions affichent des politiques de sobriété numérique vont participer à solvabiliser des potentiels. Et puis, on observe des pratiques qui se développent : low tech, réparabilité, maintenabilité... ce sont pratiques qui consistent à mutualiser les moyens.
Apprendre des usages de la crise actuelle
J-F. Marchandise : Beaucoup de choses sont en facteur commun entre les crises environnementales et les crises sanitaires. Mais la crise que nous traversons a une différence énorme. Le rapport du Shift Project a mentionné la part exorbitante des vidéos des lolcat de YouTube, de Netflix et du porno dans la consommation énergétique du numérique. Mais en disant aussi que le porno optimise beaucoup mieux la ressource que les deux autres familles d'usages. C’est un peu sidérant de dire que ce sont les gens de YouPorn qui nous donnent des leçons d'optimisation de la mise en ligne de vidéos. Pas sûr que ce soit mon idéal de société.
On est en train de tâtonner. C’est l'objet de notre travail Numérique Tous Risques, de se dire : “comment allons-nous faire face, pas seulement à la crise sanitaire mais tirer les leçons de la crise actuelle.”
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