26-02-2021
Sophie Comte : “Il faut conscientiser notre usage de la tech et trouver le bon équilibre entre les médias en ligne et les médias papier”
- Média
Sophie Comte a cofondé avec Aurore Bisicchia le magazine Chut !, un magazine qui interroge l’impact du numérique dans nos vies, qui existe au format web sur chut.media et au format papier, diffusé en kiosque, en librairie… etc.
Comment peut-on faire pour réduire l’empreinte environnementale des contenus et du numérique en général ?
L’empreinte environnementale des contenus et du numérique est un sujet qui nous a beaucoup intéressés dans notre numéro 4, L’Odyssée écologique, dans lequel on a fait le constat qu’on parle beaucoup aujourd’hui de cette pollution générée par l’envoi des mails, par exemple. On a eu envie de comprendre en quoi consistait cette pollution, et si c’était uniquement ça. Quand on parle pollution numérique, est ce que ce n’est que l’envoi des mails ?
On s’est intéressé au cycle de vie des produits et services numériques, de leur conception à leur fabrication, à leur utilisation et au recyclage. Ce qu’il en ressort, ce sont nos équipements numériques (ordinateurs, smartphones, objets connectés) qui polluent le plus. Aujourd’hui, 80 % de la pollution numérique est liée à leur fabrication parce qu’elle nécessite des métaux rares dont l’extraction minière est très polluante.
Le stockage et l’hébergement des données dans les data center représente également 20% de la pollution numérique. Mais, finalement, dans ce stockage, ce qui pollue le plus, c’est la vidéo. C’est notamment liée à la bande passante, au poids des vidéos, qui sont toujours de plus en plus qualitatives : après HD, on passe à 4K. Il y a une espèce de course à la résolution aujourd’hui et quelque part, il faut rester alerte sur ces sirènes du marketing qui nous disent de consommer toujours de meilleure qualité des vidéos, puisque c’est vraiment le point noir de la pollution liée aux données. Si on parle de contenu, c’est vraiment cet aspect-là qui ressort de notre numéro 4, de la façon dont on a exploré cette pollution numérique.
Qu’est-ce que la pollution numérique ? D’où vient-elle et comment réduire son empreinte carbone ?
— La Netscouade (@LaNetscouade) February 26, 2021
👉 Éléments de réponse avec @Sophie_Chut, co-fondatrice de @Chut_magazine pic.twitter.com/wIAB0bbdp6
Il y a un autre aspect de la pollution qui est lié au contenu et qui concerne plus une pollution mentale puisqu’avec la circulation des contenus sur Internet, on parle beaucoup d’infobésité. Comment est-ce que vous, chez Chut !, vous traitez cette problématique-là en tant que média ?
L’infobésité est un sujet qui nous parle beaucoup. On a d’ailleurs pris le nom Chut ! en résonance avec cette idée-là parce qu’on a fait le constat qu’on est dans un monde où on est saturé de contenu. Ça devient compliqué de faire le tri. Je pense qu’aujourd’hui en tant que consommateur d’informations, on a besoin de sélectionner ce qui est de meilleure qualité. Il y a eu, je dirais, un premier âge avec Internet et une forme de frénésie du référencement. Aujourd’hui, l’espace médiatique est saturé de ces contenus référencés et on les identifie tout de suite comme tels. Je pense qu’on n’a plus envie d’aller lire des articles qui ne sont faits que pour le référencement et qu’on se dirige plus maintenant vers des contenus de qualité.
C’est pour ça qu’on a créé un magazine qui s’appelle Chut ! et c’est pour ça aussi qu’on a créé un magazine papier. On voulait mettre en avant cette idée que tout ne se passe pas sur le web, qu’on a besoin de prendre le temps de la réflexion, de se poser tranquillement. On aime bien dire que sur le web on picore alors qu’avec un magazine papier, on explore. On ne rejette pas non plus le monde numérique, au contraire, mais il y a un juste dosage à trouver. Il faut conscientiser notre usage de la tech et trouver le bon équilibre entre des médias en ligne et des médias papier. Finalement, ce qui est intéressant c’est de faire des passerelles entre les mondes tangibles, réels et les mondes numériques.
L’infobésité est un sujet qui nous parle beaucoup. On essaye vraiment de travailler sur des longs papiers, de prendre le temps d’explorer, que ça soit en web ou avec notre magazine papier. C’est une grande thématique de société. On va explorer comment le numérique transforme ce pan de notre vie. C’est vraiment l’idée de prendre le temps, prendre de la lenteur avec le numérique parce qu’il y a toujours cette injonction de rapidité et d’immédiateté, même avec les technologies, et on n’est pas obligé d’y répondre. On peut prendre le contrepied de tout ça et se dire : « J’ai le droit d’avoir du temps, je ne suis pas obligée de consommer tout le temps, d’être tout le temps au courant, d’avoir sans arrêt des notifications… etc. ».
Je pense qu’on va vers ça. Je pense qu’il y a aussi cette idée de multiplier les façons de consommer le contenu : audio, papier, web, vidéos, etc. Ces supports, individuellement, ont du sens, mais je pense qu’il ne faut pas se concentrer sur un seul d’entre eux pour contrebalancer.
“Il faut conscientiser notre usage de la tech et trouver le bon équilibre entre des médias en ligne et des médias papier. C’est intéressant de faire des passerelles entre les mondes tangibles, réels et les mondes numériques.” @Sophie_Chut, co-fondatrice de @Chut_magazine pic.twitter.com/oKT0nWRv3p
— La Netscouade (@LaNetscouade) February 26, 2021
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