26-02-2021
Produire des sites utiles, utilisables et utilisés avec le référentiel de conception numérique responsable de l’INR
Denis Didier travaille pour l’INR dans la production et l’exposition du référentiel Conception responsable de services numériques. Avec l’aide de plus d’une centaine de contributeurs, il a conçu pendant un an ce référentiel. Aujourd’hui, le projet est dans une phase de diffusion, de validation et de tests qu’il pilote, et qui permettra à terme la diffusion dans le domaine public de ce référentiel de l’INR.
Pouvez-vous nous présenter la démarche du référentiel ? Dans quel but a-t-il été conçu, et comment ?
Cette initiative de production de référentiel que l’on a baptisé “Conception responsable de services numériques” va au-delà de l’éco-conception parce qu’on s’adresse à d’autres publics que les techniciens purs et durs. On s’adresse à l’ensemble des acteurs qui interviennent dans la production et la conception d’un service numérique.
Ce référentiel a pour vocation d’être largement diffusé dans le domaine public pour que les organisations de toutes tailles – que ce soit des entreprises intermédiaires, des grands groupes, des collectivités territoriales – puissent se l’approprier et enclencher une démarche de conception et de rationalisation de la conception des services numériques.
Quand on parle de services numériques, on a souvent en tête le site web et c’est vrai que beaucoup de sujets aujourd’hui tournent autour des sites web. Mais on oublie aussi toute une catégorie d’usages : le stockage des données, les éléments qui tournent en arrière-plan sur les serveurs, les fonctions métiers, les outils qu’on a besoin d’assembler pour fournir ces services numériques… etc.
Il y a aussi de nouveaux usages. On voit de plus en plus arriver des objets connectés qui font partie de cette mise en œuvre de services numériques. Le référentiel a pour vocation d’adresser l’ensemble du panorama dans les phases de conception.
Il y a trois axes importants pour ces éléments sur le référentiel : être sûr que l’on fait des choses qui sont utiles, qui sont utilisables et qui sont utilisées. Ça signifie que dans les étapes de conception on va essayer de réduire tout ce qui va engendrer ou produire des déchets. Cela peut être en rationalisant les fonctionnalités, les axes et les orientations d’implémentation que l’on va choisir. Mais l’organisation projet et l’amélioration de l’efficacité des fonctionnalités que l’on conserve sont partie intégrante de l’exposition du référentiel.
Le référentiel de l’Institut du Numérique Responsable (INR), qu’est-ce que c’est ? Qui aide-t-il ? Quels supports concerne-t-il ?
— La Netscouade (@LaNetscouade) February 26, 2021
👉 Éléments de réponse avec Denis Didier de @institutnr pic.twitter.com/v3PmOF2FSg
Quels sont les différents critères de ce référentiel, et comment s’articulent-ils avec les objectifs de développement durable ?
La production du référentiel s’est organisée en fonction des étapes de conception d’un projet. On en a identifié sept différentes :
- la définition de la stratégie du projet ;
- la rédaction des spécifications ;
- les éléments de conception, de design, d'interface utilisateur et d'expérience utilisateur ;
- la façon d'adresser la diffusion des contenus ;
- tous les éléments qui vont permettre la mise en œuvre de l'ensemble des composants, donc la structure d'architecture technique et logicielle ;
- les phases de développement avec l'aspect front-end qui va se retrouver côté utilisateur et les aspects back-end qui vont fournir les services, structurer les données.
- les phases de déploiement avec tout ce qui concerne l’hébergement.
Pour chacune de ces étapes, on a identifié des recommandations assez structurantes qui peuvent être rattachées en fonction du périmètre qui est couvert et des objectifs du développement durable (ODD) de l’ONU. On a associé à chaque fois une liste d’ODD qui peut être en rapport avec cette recommandation.
Ensuite, pour chacune de ces recommandations, nous avons structuré la démarche sous forme de questions - des “critères” - qui vont permettre de challenger la recommandation sous plusieurs aspects. Dans l’ensemble du référentiel, il y a à peu près 280 critères différents qui vont permettre d’adresser une recommandation sous des axes différents. Ces derniers peuvent être orientés sur l’environnement, l’inclusion humaine, des aspects plus économiques… etc. Chacun de ces critères va permettre de se positionner et de se conformer à la recommandation d’origine.
“La production du référentiel de l'INR s’est organisée en fonction des étapes de conception d’un projet.” Denis Didier de @institutnr pic.twitter.com/mp7cy6sw6M
— La Netscouade (@LaNetscouade) February 26, 2021
Quelles sont les grandes recommandations qui se dégagent de ce référentiel ?
Le premier axe consiste à mettre en accord les besoins clients et l’expérience client par rapport à ce qui va être effectivement développé. Tout ce qui va être autour de la limitation des fonctionnalités peu ou pas utilisées est primaire. On va mettre en œuvre des solutions qui vont permettre d’adresser exactement le besoin fonctionnel et la couverture fonctionnelle attendue par les clients. Le premier axe consiste à éliminer tout ce qui peut être parasite. C’est le premier point orienté vraiment sur la pratique, l’expérience utilisateur et la mise en œuvre de certaines démarches.
L’autre axe, qui est très présent, concerne toutes les phases d’inclusion des personnes et de l’accessibilité. On a déjà des référentiels qui traitent ces points-là avec le RGAA, mais on va un peu plus loin avec des notions autour de l’éthique, de la captation d’attention de l’utilisateur, les pratiques qui pourraient être un peu dérivées, où on va engager l’utilisateur dans certains comportements qui ne sont pas toujours très visibles. L’objectif c’est vraiment de mettre en accord l’éthique que l’on veut promouvoir dans l’entreprise avec le projet et ce que l’on va réaliser.
Le dernier axe est sur la capacité à ne pas engager de besoin de renouvellement du parc matériel pour les utilisateurs. Quand on développe de nouveaux services, on a tendance à utiliser les dernières technologies à la mode et on sait très bien que beaucoup d’utilisateurs ont des terminaux qui peuvent être un peu plus anciens. Or si on continue cette course à la technologie, on va pousser au renouvellement ce qui génère un impact environnemental et économique pour les utilisateurs. On va donc orienter toutes nos démarches en essayant d’avoir une couverture des terminaux la plus large possible pour éviter, justement, cette mise en obsolescence des équipements physiques par le logiciel.
Les trois axes recouvrent à peu près les trois dimensions du numérique responsable qui est mis en œuvre par l’INR.
Est-ce que ce référentiel a une vocation à devenir à terme un outil de mesure, voire de certification et de labellisation des sites Internet existants ?
Dans la démarche générale de l’INR, que ce soit pour ce sujet ou pour d’autres, le fonctionnement est toujours à peu près similaire. On a une fonction laboratoire : le producteur du référentiel. Ensuite, on a une fonction d’académie qui va diffuser les éléments, engendrer des formations, organiser les labellisations, les certifications. Puis, on a une entité qui va être attachée à la mesure et fournir des outils pour vérifier les éléments de conformité.
Actuellement, on est vraiment dans la phase sortie du LAB avec le référentiel. L’objectif est d’avoir une certification que l’on pourra apposer sur les services numériques conformes aux recommandations du référentiel. Mais on attend d’avoir les premiers éléments concrets pour rentrer dans ce domaine de certification bien que l’on prévoit, d’ores et déjà, d’avoir des niveaux différents définis en fonction de l’effort fait et de la volonté de mise en conformité. On aura des niveaux du type bronze, argent, or et on va s’appuyer sur un acteur national avec une volonté de s’étendre sur l’Europe.
Ce qui est important dans la démarche, c’est qu’on permette à de grands groupes d’obtenir ces certifications, mais aussi à de très petites entreprises. On ne va pas aller vers des fonctions élitistes de certification. On souhaite vraiment permettre cette généralisation et pouvoir afficher des estampilles de certification sur des services réalisés avec le support du référentiel. On veut que ces éléments puissent être diffusés très largement et sans exclure les petites structures.
Finalement, est-ce plus difficile d’éco-concevoir un site que de le concevoir “normalement”, simplement en tenant compte des besoins utilisateurs ?
Pas forcément. Ce sont des démarches et des décisions qui sont prises de façon différente. Le gros avantage qu’il y a dans ces aspects d’écoconception, c’est que bien souvent, on a une très bonne convergence entre l’efficacité technique, l’efficacité environnementale, des éléments autour de la sécurité. En effet, on a un meilleur contrôle des choses que l’on met en place, et des aspects économiques. On va dépenser moins d’argent pour héberger, par exemple, des serveurs parce que notre développement issu de l’éco-conception sera un peu plus efficace et aura besoin de moins de ressources techniques, aura besoin de renouveler moins fréquemment les équipements techniques.
Ce n’est pas plus compliqué, ce n’est pas une contrainte supplémentaire. C’est un espace de décision qui doit être mis en œuvre très tôt dans l’ensemble des processus. Si on le fait au moment du développement, effectivement, on va rajouter des contraintes. Si on le fait au moment des choix, des arbitrages et que l’on donne une orientation sur l’ensemble du projet, on entre dans un processus très fluide et qui n’aura pas un impact négatif sur la gestion de projet. Il pourrait même y avoir des éléments très positifs dans la charge et dans les besoins techniques.
“Le gros avantage avec l’éco-conception, c’est que bien souvent, on a une bonne convergence entre l’efficacité technique, l’efficacité environnementale, les éléments autour de la sécurité \[…] et les aspects économiques.” Denis Didier @institutnr pic.twitter.com/DdNJlwy89D
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