17-01-2020
Sobriété numérique : manifeste pour un Internet responsable
4 % des gaz à effet de serre. Le chiffre, issu du rapport de The Shift Project, a été un électrochoc pour toute une profession. Impossible de l’ignorer désormais : l’industrie du digital a un impact sensible sur l’environnement. Nous pensions qu’Internet était infini. Nous découvrons qu’il ne l’est pas plus que les ressources naturelles.
Cette problématique nous interroge profondément à La Netscouade et nous amène à repenser toutes nos pratiques, au-delà même de la question de l’impact environnemental. Le temps est venu de penser un Internet plus responsable qui n’épuise plus nos ressources, tant naturelles que cognitives. Un Internet responsable qui se contente du nécessaire, et se pose la question de sa responsabilité tant sur la planète que vis-à-vis de la société. Un Internet plus frugal qui n’épuise pas une autre ressource toute aussi finie, que nous avons sûrement négligée : l’attention.
En toute modestie mais avec volontarisme, nous voulons participer à cette réflexion, faire émerger des idées, proposer des solutions et convaincre nos clients - si cela est encore nécessaire de le faire - que nous avons tous à y gagner. Cette exigence de sobriété doit infuser l’ensemble de nos métiers : l’UX, le design, le content, le social media. Il faut réfléchir à des manières de faire moins (moins de pages, moins de vidéos, moins de data) et de faire mieux (plus utile, plus percutant, plus durable).
Tant que l’on pense le numérique comme notre futur, comme une matière intrinsèquement tournée vers le progrès, on oublie de penser le présent et on occulte notre impact sur la planète et les personnes. Doit-on attendre avec tant d’impatience la 5G, puis la 6G, puis la 7G ? Dans une tribune au Monde, Hugues Ferreboeuf et Jean-Marc Jancovici s’alarment de cette course à l’armement sur les standards de téléphonie : « Ce faisant, ne sommes-nous pas en train de confondre, comme un gamin excité à la veille de Noël, ce qui est nouveau avec ce qui est utile, ce qui semble urgent avec ce qui est important ? ». La solution à tout problème n’est pas forcément technologique. Finie la disruption à tous crins, bienvenue dans l’ère du durable.
Sur le plan du design, nous avançons chaque jour un peu plus vers une conception éco-responsable : réduire le poids total des sites, réduire le poids moyen de chaque page, supprimer les fonctionnalités peu utiles (saviez-vous que seules 20 % des fonctionnalités d'un site sont réellement utilisées ?), privilégier un mode d’hébergement vert et enfin rendre visible la démarche et la documenter. Ces pratiques sont vertueuses dans la mesure où elles permettent aussi de maximiser la performance de nos sites. Elles impliquent de se poser de nouvelles questions chaque jour : a-t-on besoin de ce CMS énergivore ? Le graphisme a-il besoin d'être si clinquant ou gadget ? Tous ces cookies sont-ils bien nécessaires ?
Selon nous, l’exigence d’un Internet frugal doit aller plus loin. Le limiter à la question du bilan carbone serait voir le problème par le petit bout de la lorgnette. Le designer Geoffrey Dorne est un spécialiste de cette problématique de l’Internet “low-tech”. « La première question que tout webdesigner doit se poser est : qu’est-ce que l’on met en ligne ? », explique-t-il à Picks. « Mon contenu est-il vraiment nécessaire ? Si la réponse est oui et qu'elle est honnête et sincère, c’est seulement alors que l’on réfléchit à des solutions pour alléger le contenu ».
La question de l’utilité des dispositifs de communication que nous pensons doit devenir centrale car la réponse au défi de la sobriété numérique n’est pas que technique. Il est de notre responsabilité de, parfois, savoir modérer les ardeurs de nos clients. Vous voulez absolument faire une campagne sur cet énième réseau social à la mode ? Très bien, mais demandons-nous s’il n’est pas possible de faire passer le message d’une autre manière, plus sobre mais tout aussi efficace. Ne pourrait-on pas nous appuyer sur une communauté déjà existante, travailler avec des influenceurs ou des experts installés, réutiliser des idées déjà testées avec succès auparavant ?
Une démarche durable sur les contenus doit aussi respecter l’intelligence du lecteur. En tant qu’agence éditoriale, nous refusons de céder à l’injonction à la viralité. Vite consommé, vite oublié, le “junk content” pollue nos flux et épuise nos capacités d’attention. Le pari d’un Internet durable est aussi celui de la production de contenus complexes, exigeants, qui interrogent, qui font progresser, qui malmènent parfois les idées préconçues du lecteur.
Moins de contenu, ce n’est pas nécessairement moins d’engagement avec son audience. Au contraire. En produisant moins et mieux, nous pouvons recréer les conditions de la confiance entre la marque et son public,et ainsi générer de l’engagement dans la durée. « La sobriété numérique a un autre avantage », explique Geoffrey Dorne. « Elle vient diminuer la charge cognitive de l'utilisateur. Plutôt que d'avoir plein de photos, de la vidéo, de la 3D 360°, de la réalité virtuelle, on va simplement mettre du texte et quelques images. En terme de charge cognitive, cela permet à l'utilisateur d'aller chercher des informations qui l'intéressent davantage et de prendre plus de temps pour lire, réfléchir, respirer ».
L’exigence de sobriété numérique est un défi passionnant. La page est blanche, les idées fusent. Nous revivons l’effervescence du début des années 2000, à la naissance du numérique. Nous voulons partager nos questionnements et nos réflexions pour nourrir le débat.
→ Réfléchissons à la question de la modération : quel intérêt y a-t-il à accepter les commentaires si c’est pour ne jamais y répondre ? Ne vaudrait-il pas mieux les activer dans un temps limité, autour de questions précises sur lesquelles les entreprises seraient (vraiment) à l’écoute des remarques utilisateurs ?
→ Donnons le choix du format au lecteur, en précisant non seulement le temps de lecture, mais aussi l’impact carbone de son choix. L’internaute aurait, par exemple, le choix entre un article de synthèse (2 minutes de lecture, nécessitant des ressources limitées) et un dossier multimédia (plus long à lire et plus lourd à charger).
→ Créons des contenus à durée limitée, qui seraient archivés une fois leurs objectifs de visibilité atteints.
Loin de nous ramener à l’âge de pierre (ou du print), la réflexion autour de la sobriété numérique est une occasion extraordinaire de repenser nos métiers. Le secteur du digital doit à nouveau montrer l’exemple, retrouver sa capacité à faire bouger les lignes, à défricher. La tech doit aussi assumer les reproches adressés au nouveau monde qu’il a contribué à créer. C’est le défi de cette nouvelle décennie. Relevons-le ensemble !
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Manifesto
Nous croyons, à La Netscouade, qu’il est possible de régénérer la communication digitale tout en restant fidèles à ce que nous sommes.
Plus qu’une marque, La Netscouade est une marque de fabrique : nos clients viennent chercher chez nous une manière de faire, une capacité à imaginer des contenus à valeur pédagogique et créative, une propension à mixer cultures et talents dans un esprit « laboratoire d’idées ». Sans refuser la vitesse du numérique, nous avons toujours privilégié le long terme pour créer du lien entre l’entreprise et ses publics. Ce sont la transparence, l’écoute active, la constance et la consistance des prises de parole qui génèrent de la confiance et in fine de l’engagement durable.
Dans la période actuelle, nous aidons nos clients à faire du sens un vecteur de performance. Les projets que nous menons avec eux, RSE, numérique, nouveaux media, e-santé, éducation, science, font converger intérêt particulier et intérêt général et créent les conditions d’un engagement plus fort et plus durable.